Vagal, vous avez dit vagal ?
Ce matin en stage, ça se résume en une phrase : "P..., j'en ai ch... !!!!!!!!!!!!!"
Oui, le fatidique moment de la ponction pleurale était arrivé...
On prépare le plateau, on m'explique rapidement comment on fait car il paraît qu'il faut se relayer pour pomper car c'est très physique ! Ah ? Ok ben, dites-moi quand je devrai relayer.
Déjà on arrive dans la chambre de la patiente, elle est en sueur, tachycarde, marbrée, extrêmités froides, donc déjà, je flippe purement et simplement. Surtout qu'elle m'agrippe la main et me supplie de rester avec elle. Ca fait genre ma dernière heure est venue et je ne veux pas la passer seule ! Alors je la rassure comme je peux et je lui explique qu'elle a de l'eau dans le poumon et qu'on va l'enlever et qu'elle respirera mieux. Bon à ce moment-là, je ne sais pas que c'est moi qui vais piquer, je pensais naïvement que c'était la doc et que j'allais la relayer pour pomper ! D'ailleurs, pourquoi c'est moi que la patiente a agrippée d'emblée, elle avait compris avant moi que c'était l'externe qui allait piquer ou quoi ?
"Bon, tu prends tes repères et tu y vas". Aaaaaaah ! Et en plus la patiente est en pré-choc ! Il y a 7 personnes qui me regardent, j'ai l'impression d'être au pire oral de ma vie (et dieu sait que je perds tous mes moyens à ce moment-là), je prends mes repères comme je peux mais je ne trouve pas l'omoplate dans la panique et surtout je confonds ma droite et ma gauche et donc je commence à tâter le mauvais côté !!!! Donc remarques et gros coup de chaud... Si j'avais pu rapetisser à l'infini, me tapir dans un trou de souris, je l'aurai fait !! Car cliniquement, c'était évident que c'était à droite, donc je me suis maudite 1000 fois intérieurement. Bon après, j'ai pris les bons repères, fais une marque au stylo, nettoyé, mis des gants stériles (taille 8 car la taille 7 la dernière fois ça avait été galère et ya pas de 7,5... mais bon 8, j'ai été un peu large...), me suis installée mon champ stérile, redésinfecté, j'ai monté mon matériel sur instructions et après ben... piquouze !!! Je préviens la patiente et je pique au dessus de mon doigt qui avait repéré le bord supérieur de la côte. Je n'ai pas trop tremblé car j'ai pu caler mon bras. Après ça c'est pas trop mal passé, mais il a fallu beaucoup pomper et c'était vraiment crevant, j'en ai pompé 2 grosses seringues et le reste s'est écoulé dans le pot... Une des docs s'est mise en stérile et m'a aidé à tenir tout le montage. Mais qu'est-ce que j'ai eu chaud ! La canicule de 2003, pareil ! Je crois que j'ai vraiment frôlé mon 1er malaise vagal... Je me suis dit "Mais pourquoi j'ai pas fait véto finalement... ou HEC !??? Je serais pas avec une seringue à la main entre train de pomper le thorax d'une vieille dame !!"
A la fin, la patiente m'a remerciée chaudement car elle se sentait beaucoup mieux et "c'est grâce à vous" ! Du coup, ça m'a un peu requinquée ! :-) Pour une fois que je me suis sentie UTILE !!!
Mais quand même, il paraît que j'étais livide...
Je n'ai pas fini de me faire charier, et je suis bonne pour faire un gâteau lundi !
Et je n'ai même pas
fait de pneumothorax iatrogène à ma patiente ! Bon le soucis, c'est que
déjà il reste beaucoup de liquide dedans et comme on le craignait les
protides sont revenus supérieurs à 30 g/l et il y a une masse très
moche au poumon droit...
Sinon, j'ai vu d'autres patientes, qui globalement ne vont pas trop mal et sont adorables (des jeunes filles de 90 et 94 ans avec toute leur tête), pourvu que ça dure !